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Signalement des violences au sein du couple par les professionnels de santé : Que dit la loi ?

Contre les violences faites aux femmes

Les professionnels de santé :  médecins , sages-femmes… sont les premiers recours des victimes de violences au sein du couple , ils représentent un point d’entrée déterminant pour une prise en charge de soins et une orientation.

Proposer un repérage systématique par une activité de dépistage

L’enjeu est de dépister les violences conjugales qui sont rarement dénoncées par les victimes elles- mêmes d’où l’importance pour les soignants de poser des questions et d’aider les femmes à identifier ce qui relève de la violence au sein de leur couple. (dépistage systématique)

Des conventions santé-sécurité-justice ont été conclues afin de faciliter le signalement à l’autorité judiciaire , le dépôt de plainte au sein de l’établissement de santé .

Au niveau du conseil départemental de l’ordre des médecins, une commission vigilance, violence, sécurité a été constituée ,et une convention justice -hôpital  a été signée  pour aider le médecin à signaler et faciliter le repérage et la protection des victimes de violences conjugales.

L’emprise enferme les femmes victimes et les empêche de parler

Un constat partagé s’est imposé : l’emprise, qui enferme souvent les victimes de violences conjugales dans le silence et la résignation, les empêche de révéler les faits qu’elles subissent à leur entourage comme aux autorités publiques

C’est pourquoi , la haute autorité de santé a émis une proposition importante : permettre dans ce cadre précis une dérogation au secret médical. Cette dérogation, prévue par la loi du 30 juillet 2020, modifie les dispositions de l’article 226-14 3° du code pénal. Ainsi, lorsqu’une victime de violences conjugales se trouve en situation de danger immédiat et sous emprise, le professionnel de santé peut désormais déroger à son obligation de secret.  C’est évidemment à la condition que ces violences mettent la vie de la victime en danger immédiat et que celle-ci ne soit pas en mesure de se protéger en raison de la contrainte morale résultant de l’emprise exercée par l’auteur.

Ce professionnel peut, en conscience, porter à la connaissance du procureur de la République cette situation sans avoir préalablement obtenu le consentement de la victime.

Il appartient au médecin d’apprécier si ces violences mettent la vie de la victime en danger immédiat.

Un outil d’évaluation du danger et de l’emprise a été élaboré pour aider le médecin dans cette appréciation.

Une liste de critères d’évaluation du danger immédiat et de l’emprise se trouve dans la 4ème partie du vademecum sur le secret médical et violences au sein du couple.

Former et Informer les Médecins Généralistes au repérage et à la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales…

Contre les violences faites aux femmes

Les Médecins s’engagent !

Tels sont les objectifs que ce sont donné le département de Médecine générale de la Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes (Dr David Costa – Pr Marc Garcia), le Conseil de l’Ordre des Médecins du Gard (Dr Frédéric Jean – Pr Pierre Costa – Dr Marie-Laure Tailland) et l’Unité de Médecine judiciaire du CHU (Dr Mounir Benslima) soutenus par la Délégation départementale aux droits des femmes et à l’Egalité (Sandrine Bonnamich) et le Centre d’Information sur les Droits des femmes et de leur famille (Béatrice Bertrand). Plusieurs soirées ont été organisées à Nîmes et à Bagnols sur Cèze et les organisateurs se rendront très prochainement à Alès.

Pourquoi former les médecins ?

Parce que les médecins se doivent bien sûr de participer à l’effort national de lutte contre les violences faites aux femmes. Mais aussi parce qu’ils ont une place particulière dans ce combat !

En effet les femmes victimes de violences consultent plus souvent. Et si elles ne disent pas forcément clairement qu’elles sont victimes de violences, beaucoup d’entre-elles espèrent une question qui leur ouvrira éventuellement une porte. Ainsi le Médecin, et en particulier le Médecin généraliste est le professionnel consulté en premier (24%), devant les services sociaux (19%), et devant la police (18%). 20% des femmes consultant leurs médecins  généralistes sont victimes de violences au moment de la consultation  et 40% l’ont été. Devant une situation évidente ou exprimée le Médecin soignera puis établira les certificats nécessaires dont l’ITT et jugera de la gravité de la situation. Il signalera au Procureur les victimes en situation de péril imminent et sous emprise (Loi de Juillet 2020) et donnera les coordonnées des associations d’aide aux autres.

Il n’y a pas de petite violence

Il n’y a pas de petite violence et il ne faut pas laisser repartir une victime sans lui proposer une aide. Mais le plus grand nombre des victimes ne disent rien au départ. Il faut les repérer ou au moins leur permettre de s’exprimer.

Auprès de qui le repérage s’opère ? Pour certains, dont la HAS,  à toutes les patientes venant consulter. Le Médecin posera donc la question (bien sûr avec tact et empathie) systématiquement à toutes ses patientes. Pour d’autres, dont l’OMS, il convient d’interroger celles qui sont dans des situations plus évocatrices comme la dépression, les problématiques répétitives qui répondent mal aux traitements usuels, la grossesse …(cf méthode mnémotechnique proposée par le Dr Antoine Guernion). Et si la première réponse est «  non je vous assure tout va bien de ce côté-là … » les Médecins savent qu’ils ont donné une information capitale: ils s’intéressent à ce problème et ils sont là en aide et en ressource ! A tout moment la patiente pourra venir en parler et elle sera alors prise en charge.

Nous connaissons tous la difficulté éprouvée par les femmes victimes de violences conjugales à en parler, à chercher et à accepter de l’aide et plus encore à porter plainte. Il faut souvent un évènement déclenchant pour rompre le cycle de l’emprise. Le médecin, qui a su créer un lien thérapeutique,  peut être celui que ces femmes attendent.

ABCDE – Moyen mnémotechnique

proposé par Dr Antoine Guernion

3 objectifs à concilier pour rendre le dépistage acceptable par les patientes ET par les médecins :

  • Levée des freins au dépistage (Manque de formation/ Manque de temps/ Méconnaissance du réseau/ Appréhension de la réaction de la patiente).
  • Protocole bientraitant pour les patientes.
  • Moyen mnémotechnique pour favoriser le maintien à long terme des pratiques.

Ma sécurité, une application développée par le Ministère de l’Intérieur

Contre les violences faites aux femmes

Il s’agit d’une application de communication qui permet de mettre en relation les utilisateurs qui le souhaitent avec les services de gendarmerie et de la police.

Très simple d’utilisation, Ma Sécurité est une application destinée aux utilisateurs habitant ou séjournant en France. Entièrement en français, son interface permet une prise en main rapide et simplifiée de toutes les fonctionnalités présentes.

Une application qui permet de demander de l’aide pour soi ou en tant que témoin

Dès l’écran d’accueil, vous disposez de deux options : appeler le 17 (pour les urgences) ou demander de l’aide. La demande d’aide convient aussi bien aux victimes, qu’aux témoins (réalisation d’un signalement). Vous pouvez également utiliser ce bouton afin de vous informer sur ces cas spécifiques même si vous n’êtes dans aucun des deux cas précédents.

Une application qui dispense de nombreux conseils

Le menu principal se trouve en bas de l’écran et vous permet de passer de l’accueil aux actualités, aux conseils et à la liste des numéros utiles (un pense-bête bien pratique). Vous pouvez vous en servir pour contacter les services de police ou de gendarmerie, réaliser des démarches administratives, obtenir des conseils, etc.

Ma Sécurité vous propose également une rubrique de conseils divers pour protéger votre logement, votre famille, connaître la réglementation routière, en savoir plus sur les problèmes qui peuvent être rencontrés à cause du numérique (chantage à la webcam, hameçonnage, malveillance, etc.). Dans la rubrique actualités, vous pouvez vous abonner à certaines thématiques (jeunesse, sécurité routière, numérique, vie pratique, etc.) afin d’être informé sur les changements et informations qui peuvent en découler.

Accompagnée par une vidéo support

Le Pack nouveau départ trois étapes pour les femmes victimes

Actions pour les droits des femmes, Contre les violences faites aux femmes

L’idée première est d’intervenir plus en amont, au moment où les femmes décident de quitter leur conjoint violent et de leur offrir un accompagnement global. Elles auront un interlocuteur unique qui va déclencher les mesures d’aides nécessaires.

Cette aide peut être une aide financière d’urgence, une allocation de type RSA, un accompagnement de retour à l’emploi ou à la formation, la garde d’enfant, un accompagnement psychologique etc…..

Le Pack nouveau départ (PND) est un dispositif testé depuis 2023 dans le département du Val d’Oise et qui est étendu à quatre autres départements en 2024 (Côte-d’Or, Bouches-du-Rhône, Réunion et Lot-et-Garonne).

Étape 1 : la proposition

Des professionnels de proximité (médecins, policiers, gendarmes, associations, etc.) sont formés pour vous accompagner si vous souhaitez vous séparer de votre partenaire.

Ils vous informent, vous guident et peuvent vous proposer de bénéficier du Pack nouveau départ. En cas d’accord de votre part, ils se chargent de transmettre votre demande à un référent coordinateur.

Étape 2 : l’organisation de la prise en charge

Ce référent coordinateur vous contacte dans les cinq jours qui suivent, en toute confidentialité, pour évaluer votre situation et identifier vos besoins, afin d’organiser une prise en charge rapide, globale et adaptée.

Étape 3 : l’accompagnement pour des solutions durables

Différents professionnels sont mobilisés pour répondre à vos besoins (CAF, MSA, CPAM, Pôle emploi, bureau d’aide aux victimes, maison de protection des familles, Action logement services, associations, etc.).

Le processus d’ouverture de vos droits sociaux est accéléré avec l’activation de toutes les aides nécessaires dans votre vie quotidienne pour un nouveau départ (accès au logement, soutien psychologique, garde d’enfant, etc.).


Premier retour d’expérience : le pack Nouveau départ expérimenté dans le Val-d’Oise

Leitmotiv de la CAF du Val d’Oise pour la 1ere expérimentation française : Ne pousser qu’une seule porte,

Par le constat que 5 à 10 allers -retours sont nécessaires pour les femmes victimes pour quitter leur conjoint violent définitivement, le pack nouveau départ a pour vocation d’instaurer un référent unique et de simplifier les démarches administratives.

Un test effectif depuis le 18 septembre 2023

Le Val-d’Oise est le département pilote pour cette expérimentation et a également été le premier à expérimenter les bracelets anti-rapprochement.

Fin novembre 2023, ce sont 45 femmes qui sont accompagnées par la caisse d’allocations familiales (Caf) du Val-d’Oise, organisme choisi sur le territoire pour assurer la centralisation.

Les besoins formulés en priorité par les femmes concernent : « Appui psychologique », « conseils juridiques, en particulier pour actionner l’aide juridictionnelle » ou encore « ouverture d’un compte bancaire, accès aux droits des caisses d’allocations et domiciliation au centre communal d’action sociale pour ne plus recevoir leur courrier à la maison » font partie, liste-t-elle.

Une aide universelle d’urgence est mise en place pour les victimes de violences conjugales

Actions pour les droits des femmes, Contre les violences faites aux femmes

Mise en œuvre de l’aide financière d’urgence pour les victimes de violences conjugales  : quels sont les modalités de recours ?

Introduite par la loi n° 2023-140 du 28 février 2023 créant une aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales

Créée par la loi n°2023-140 du 28 février 2023 entrée en vigueur le 28 novembre 2023, l’aide financière d’urgence a pour objectif de lever les freins financiers auxquels peuvent être confrontées les victimes de violences conjugales pour quitter leur conjoint violent.

Cette aide s’adresse aux personnes victimes de violences commises par leur conjoint, leur concubin ou partenaire lié à elles par un pacte civil de solidarité, dont la situation de violences est attestée par une ordonnance de protection, un dépôt de plainte ou un signalement adressé au procureur de la République.

Elle vise à sécuriser financièrement les victimes pour se mettre à l’abri et faire face à des dépenses immédiates au moment de la séparation.

Décret n° 2023-1088 du 24 novembre 2023 relatif à l’aide universelle d’urgence pour les  personnes victimes de violences conjugales

Un Décret n° 2023-1088 du 24 novembre 2023 relatif à l’aide universelle d’urgence pour les  personnes victimes de violences conjugales Légifrance (legifrance.gouv.fr) précise les modalités d’attribution et de gestion de cette aide.

Les victimes de violences conjugales peuvent elles demander l’aide universelle d’urgence plusieurs fois ?

L’aide est attribuée une fois par période de douze mois à compter de la date de la décision d’attribution. Compte tenu de la durée de validité de la pièce justificative fournie lors de la première demande (12 mois), une éventuelle nouvelle demande d’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales devrait nécessairement reposer sur une nouvelle attestation.

Comment faire une demande d’aide universelle d’urgence ?

L’aide universelle d’urgence est octroyée lorsque les violences sont attestées :

  • par une ordonnance de protection délivrée par le juge aux affaires familiales ;
  • par un dépôt de plainte ;
  • ou par un signalement adressé au procureur de la République.

Lors de sa sollicitation de l’aide universelle d’urgence, la personne victime de violences doit fournir un de ces documents (datant de moins de 12 mois). Elle peut faire sa demande directement auprès de sa caisse d’allocations familiales (CAF) ou de sa caisse de la mutualité sociale agricole (MSA) :

en se rendant sur place ;

ou en ligne (caf.fr et msa.fr), grâce à un formulaire dédié.

La demande d’aide peut également être effectuée, si la victime le souhaite, au moment du dépôt de sa plainte ou du signalement adressé au procureur de la République ; un formulaire simplifié de demande est alors transmis à la caisse d’allocations familiales (CAF) ou à la caisse de la mutualité sociale agricole (MSA).

Sous réserve de l’accord exprès de la victime, recueilli via le formulaire de la demande d’aide  d’urgence pour les victimes de violences conjugales, toutes les demandes déposées auprès des Caf  doivent être transmises au Conseil départemental, dès réception de la demande, qu’elles engendrent  une ouverture de droit ou non.

L’intégralité de la demande doit être transmise y compris la pièce justifiant de la situation de violence.

Quelles sont les règles qui régissent et conditionnent l’ouverture de droit ?

1. Pour quels bénéficiaires ?

Être victime de violences conjugales attestées. L’aide est modulée en fonction des ressources du  demandeur. Il n’y a pas de condition d’âge. Il n’est pas nécessaire d’avoir un enfant à charge. L’aide  peut être potentiellement versée à toute personne victime de violences conjugales (homme ou  femme), allocataire ou non-allocataire. En revanche, les situations de violences intrafamiliales non  conjugales n’entrent pas dans le périmètre de l’aide d’urgence pour les victimes de violences

conjugales. Par exemple, les violences perpétrées envers l’enfant du demandeur ne donnent pas lieu  au versement de l’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales.

En cas de violences réciproques, si les deux membres du couple effectuent une demande d’aide  d’urgence pour les victimes de violences conjugales, le droit peut être attribué à chacun sous réserve  de la présentation de la pièce jointe requise par chacun des demandeurs.

2. Condition de régularité de séjour ?

Les personnes de nationalité étrangère (hors UE/EEE/Suisse) doivent être en possession d’un titre leur  permettant de séjourner régulièrement en France. Il n’existe pas de liste limitative énumérant les  titres de séjour requis. Les conditions sont plus larges qu’en matière de prestations familiales. Tout  titre de séjour, quelle que soit sa durée ou son intitulé, est valable pour l’aide d’urgence pour les

victimes de violences conjugales. Cette condition est déclarative. Il n’est pas exigé de joindre un titre  de séjour lors du dépôt de la demande. Par ailleurs, les personnes de nationalité UE/EEE/suisse n’ont  pas à justifier d’un droit au séjour.

3. Condition de résidence en France

Le demandeur doit résider en France au sens de l’article R111-2 du code de la Sécurité sociale, c’est à-dire qu’il doit avoir en France (métropole et Dom) :

  • En priorité son foyer permanent ;
  • A défaut, le lieu de son séjour principal.

Ces deux critères sont destinés à permettre le contrôle de la résidence en France en cours de droit, à  posteriori, pour l’année civile qui précède.

4. Doit être victime

Le demandeur de l’aide doit être victime de violences conjugales. Le terme “conjugale” doit être  entendu au sens large. Sont ainsi visées les victimes d’un crime, d’un délit ou d’une contravention  quand l’infraction est commise par le conjoint, le concubin ou le partenaire pacsé, y compris lorsqu’ils  ne cohabitent pas. Cette notion englobe également l’ancien conjoint, l’ancien concubin ou l’ancien  partenaire de pacs dès lors que l’infraction est commise en raison des relations ayant existé entre  l’auteur des faits et la victime. Peu importe que la relation ait été épisodique ou de longue durée ni  qu’ils aient, ou non, cohabité.

L’aide peut donc être versée même si la victime n’est plus en couple avec l’auteur présumé. L’aide  n’est pas non plus liée à la condition d’une séparation ultérieure de la victime. Si l’un des objectifs  de l’aide est en effet d’améliorer les capacités de la victime à se mettre à l’abri, son utilisation reste à  la discrétion de son bénéficiaire.

5. Et doit être en situation de l’attester 
6. Quels sont les documents attestant de la situation de violences ?

La violence doit être attestée par la présentation d’un des documents suivants :

  • Dépôt de plainte (récépissé de dépôt de plainte remis à la victime ou récépissé du Procès Verbal),
  • Signalement adressé au procureur de la République,
  • Ordonnance de protection délivrée par le JAF.

Les procès-verbaux d’audition produisent les mêmes effets qu’un dépôt de plainte. Dans la mesure  où tout dépôt de plainte fait l’objet d’un procès-verbal, la production du seul PV d’audition suffit  pour valider la présence d’une PJ requise dans le cadre de l’étude d’éligibilité à l’aide d’urgence pour  les victimes de violences conjugales. Il n’est pas nécessaire de recueillir le dépôt de plainte.

Aucune autre attestation n’est recevable, y compris la main courante, même en présence d’un  faisceau d’indices.

En principe, les attestations visées permettent d’identifier qu’il s’agit de la violence conjugale. Les  documents contiennent, en général, l’identité complète de la victime, l’identité complète de la  personne mise en cause, la durée de la relation commune, le lien, la date et la description des faits. Il  n’appartient pas aux Caf d’apprécier la nature ou la vraisemblance des faits de violence allégués. La  seule mention de violence conjugale suffit pour considérer comme remplie cette condition  d’attribution de l’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales, quel que soit la rédaction  retenue.

Exemples de quelques mentions permettant de retenir la violence conjugale :

(…) pour les faits de violence sans incapacité, par une personne étant ou ayant été conjoint, concubin  ou partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité commis le XX YYYY à Paris…

(…) il résulte des éléments probants qu’il existe des raisons sérieuses de considérer comme  vraisemblables la commission des faits de violence conjugale allégués et le danger auquel la victime  est exposée… (ordonnance de protection)

Pour l’étude des droits à l’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales, les pièces  justificatives attestant de la situation de violences conjugales du demandeur sont valables 1 an de  date à date à compter de leur émission. Cette condition est appréciée au moment de la date de la  réception de la pièce justificative. Cette durée de validité s’applique également aux ordonnances de  protection alors même que les mesures qui en font l’objet sont généralement limitées à 6 mois.

Exemples :

– Demande d’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales réalisée en janvier 2024. Le  dépôt de plainte date de février 2023 mais les faits de violence mentionnés datent de décembre 2022.  La demande est éligible à l’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales. La limitation de  la durée de validation est opposable uniquement à l’attestation de violence. Elle ne concerne pas  les faits de violence qui peuvent être plus anciens.

– Demande d’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales réalisée en janvier 2024.  L’ordonnance de protection est prononcée en février 2023 pour une durée maximale de 6 mois. Elle  reste valable pour les besoins de l’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales.

– Dépôt de plainte établi le 04.01.2023, il est valable jusqu’au à 03.01.2024. Si une demande d’aide  d’urgence pour les victimes de violences conjugales est déposée après le 03.01.2024, une nouvelle  pièce jointe sera nécessaire.

Un Kit de communication développé par l’État

Afin de connaître les modalités de recours à cette aide et de le porter la connaissance tant des professionnels au contact des victimes que les victimes elles-mêmes, un kit de communication a été réalisé, comprenant :

Pour en savoir plus ….

Le concept d’emprise

Contre les violences faites aux femmes

L’emprise est un ensemble de mécanismes qui permet à un individu d’exercer son pouvoir sur le psychisme de l’autre, sans tenir compte du vouloir de l’autre. Le contrôle constitue un des éléments du processus d’emprise.

L’agresseur prend progressivement possession de la vie de l’autre en la commandant, dans le but de la dominer.

Ce contrôle peut prendre des formes différentes : contrôle des tenues vestimentaires, des relations sociales,  etc …

Petit à petit, la victime est isolée de sa famille, de ses amis et de son travail … Au départ de l’emprise, il y a toujours séduction. Son apparition est insidieuse et source de confusion pour la victime. Le fait que les passages à l’acte violents peuvent être intercalés avec des phases de répit ou de tendresse amène la victime à douter de ses propres perceptions de danger et à se culpabiliser quant aux agressions. Le processus d’emprise et d’isolement fait en sorte que les départs sont particulièrement difficiles pour la victime.  Statistiquement, environ 6 départs seront tentés avant un départ définitif.

« pour que les signaux s’allument, il faut apprendre à détecter ce processus psychologique », recommande Isabelle Rome .Sur ce point, les professionnels de santé peuvent désormais émettre un signalement direct au procureur de la République s’ils estiment que leur patiente est sous l’emprise de son conjoint violent et en danger. Et ce, avec son accord ou non.

Le 25 novembre 2019, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe avait centré son discours sur la notion d’emprise, la qualifiant « d’enfermement à l’air libre ».

Depuis, la notion a fait son apparition dans le Code pénal et dans le Code civil, mais seulement pour les violences conjugales, et dans des cas précis. Outre la dérogation au secret médical, la loi interdit le recours à la médiation familiale lorsqu’il existe une « emprise manifeste de l’un des deux époux sur son conjoint ».

Enfin, la dernière mesure phare est la création, dans le Code pénal, de l’incrimination de suicide forcé comme circonstance aggravante au délit de harcèlement moral au sein du couple.

En 2022 , 759 victimes de suicide forcé ou de tentative de suicide forcé (harcèlement ayant conduit au suicide)

Aujourd’hui , le phénomène est donc davantage reconnu, mais il faut aller encore plus loin et laisser au juge la liberté de définir l’emprise quand il le souhaite.

Les situations retenues en jurisprudence en matière d’emprise sont multiples. C’est là encore le qualificatif qui l’accompagne qui permet d’en apprécier la teneur. Nous n’allons ici en donner quelques illustrations :

  • L’emprise morale peut être liée à un comportement autoritaire et agressif.
  • L’emprise affective est un état de dépendance ou l’instrumentalisation des sentiments se réalise avec perversion
  • L’emprise économique induit une insécurité et une dépendance, que l’on soit précaire ou que l’on soit responsable économiquement de l’autre.
  • L’emprise mentale est une mise sous sujétion progressive et intégrée dont le processus est gradué.
  • L’emprise intellectuelle induit un rapport de « maître à élève » qui infantilise le partenaire

Des faisceaux d’indices concordants issus de la jurisprudence concernant l’emprise

  • Conditionner et résigner l’autre à l’impuissance et à la fatalité de sa condition
  • Le contrôle allant de la surveillance à l’aliénation
  • Harcèlement de toute sorte
  • L’intimidation par des menaces des actes des paroles allant jusqu’à la terreur
  • Une relation exclusive et élective qui créée des manques et des frustrations
  • Isoler ou éloigner des proches, isoler socialement
  • Dévaloriser et dégrader l’estime de soi et l’identité du sujet
  • L’expression de peur pour soi ou pour ses proches (notamment quand il y a des enfants)
  • Le sentiment d’isolement et d’abandon
  • L’expression de signes d’anxiété, de dépression et de fatalisme
  • Le sentiment d’insécurité ou de terreur
  • Rendre coupable – manipuler et faire du chantage notamment au suicide.

« La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, dans sa chronique philo dans l’Humanité, parle de « Systèmes d’emprise », et explique précisément de quoi il s’agit, comment cette mécanique subtile opère et comment certaines personnes s’y retrouvent prises, coincées, enfermées. »

Le cycle de la violence conjugale

Contre les violences faites aux femmes

Cercle vicieux qui permet l’installation de la violence au sein du couple, 4 étapes se répètent et font le lit de la confusion dans l’esprit de la victime.

La situation de violence vécue s’insinue par l’ensemble des violences quotidiennes qui pourraient être qualifiées d’ordinaires : comportements déplacés, attitudes négatives, manquements divers souvent orchestrés ou s’apparentant au gaslighting.

La victime finit par ne plus voir les violences quotidiennes et s’adapte à la situation en modifiant ses comportements, ses habitudes, ses fréquentations même si la violence continue et a tendance à s’accroitre.

Le rapport de domination sert la stratégie de l’agresseur

« L’emprise est le résultat d’une relation inégalitaire »

Site amourssansviolence développé par Fr-CIDFF de Val de Loire

En amont de la violence, la relation peut sembler idyllique au regard de la victime qui trouve un idéal dans cette relation. La stratégie de l’agresseur se met alors en place.

En effet, la manipulation et la domination de la victime est un préalable à la situation de violence. La victime va petit à petit se retrouver sous l’emprise de son ou sa conjointe. Elle sera isolée (de ses amis, sa famille…), tous ses mouvements seront contrôlés et elle devra se justifier de tout, elle n’existera plus que par le biais de son conjoint.

L’auteur des violences instaure sa domination et redonne espoir à la victime après chaque épisode de violence.

 Le cycle débute par un climat de tension, suivi d’une agression (physique ou non), de la justification de l’auteur (excuses par exemple ou minimisation) puis de la rémission (ou « Lune de miel » ; l’auteur se montre sous son meilleur jour, veux se faire pardonner, la victime lui pardonne, lui redonne une chance…).

Avec cette cyclicité, les sentiments de peur, honte, culpabilisation, attente, espoir finissent par se confondre pour établir une situation qui permet à l’auteur des violences de maintenir une emprise psychologique. Au fil du temps, la fréquence des cycles se rapproche et les violences s’intensifient.

Phase 1 : la tension – création d’un climat pesant

La première phase est cette de la tension c’est la phase d’installation de la peur

  • L’auteur crée un climat de tension. Il se met en colère, lui jette un regard menaçant, fait peser un lourd silence, a des gestes brusques ou des aroles dévalorisantes.
  • La victime est inquiète et elle a peur. Elle se centre sur son conjoint. Elle est prudente et tente de faire baisser la tension Elle cherche à s’adapter en portant une attention importante à ses propres paroles et gestes.

Phase 2 : l’agression – le passage à l’acte violent

Cette seconde phase est la suite logique de la situation de peur et de domination. Le passage à l’acte marque le sentiment de toute puissance de l’auteur.

  • L’auteur utilise une des cinq formes de violence : verbale, psychologique, physique, sexuelle et/ou économique. Il manifeste une grande colère, crie, menace jusqu’à utiliser sa force pour pousser, forcer, frapper.
  • La victime est triste, humiliée et vit un profond sentiment d’injustice. Elle peut être en colère ou se sentir anéantie; il arrive aussi qu’elle se défende. Ce passage a l’acte peut produire également une sidération de la victime, un choc, une confusion.

Phase 3 : la justification ou garder un pouvoir sur la victime

Cette troisième phase permet de calmer tout en retournant la situation. Elle ajoute la confusion au tableau préalable.

  • L’auteur justifie son acte / comportement par des excuses hors de son contrôle qui sont soit extérieures (la pression, le travail, la famille, l’enfance…) .soit qui viennent incriminer la victime. Par ce biais, il tend à minimiser la situation
  • La victime tente de comprendre ses justifications, doute de ses propres perceptions, se sent responsable de la situation. Elle souhaite l’aider ce qui vient diminuer sa colère et laisse place à un sentiment de culpabilité partagée.

Phase 4 : la réconciliation – lune de miel

Cette dernière phase ancre l’emprise et la domination de l’auteur.

  • L’auteur regrette et demande pardon parle de changer ou d’aller chercher de l’aide et peut aller parler de psychothérapie ou invoquer des pensées suicidaires. Il tente de reconquérir la victime, se montre très amoureux. Dans certains cas, il offre des cadeaux et est très attentionné.
  • La victime croit en lui et en ses promesses. Elle veut lui donner sa chance car elle retrouve l’homme qu’elle aime Elle nourrit l’espoir que la situation revienne comme au premier jour. Elle change ses propres attitudes.

Journées départementales des droits des femmes 2024 : Associations et structures gardoises, référencez vos événements !

Contre les violences faites aux femmes

Votre structure s’engage pour les droits des femmes et se mobilise autour de la journée internationale du 8 mars ? Intégrez le programme départemental !

Faites connaitre vos initiatives

Associations, communes, établissements et structures : vous vous mobilisez autour de la journée internationale du 8 mars ?
Associez-vous aux journées départementales des droits des femmes, une action coordonnée par le Conseil départemental du Gard et parrainée par Sanseverino.
Pour apparaître dans le programme départemental, transmettez votre(vos) action(s) en renseignant le formulaire avant le 31 janvier 2024.


    Envoyez-nous vos documents annexes

    En parallèle de votre inscription aux Journées départementales des droits des femmes si vous souhaitez vous donner plus de visibilité,
    n'hésitez pas à nous envoyer aussi votre logo ci-dessous :

    «  Le réseau départemental des partenaires regroupe plus de 60 associations, collectivités ou centres sociaux. Ces structures gardoises sont engagées, dynamiques et créatives et chaque année, autour du 8 mars, leurs initiatives sont nombreuses. Les Journées départementales des droits des femmes sont l’occasion de promouvoir les valeurs qu’avec elles nous portons et défendons toute l’année pour faire progresser les droits, lutter contre les violences, favoriser l’égalité réelle et traduire nos efforts en avancées dans tout le territoire. »

    Françoise Laurent-Perrigot
    Présidente du Conseil départemental

    Isabelle Fardoux-Jouve
    Conseillère départementale
    Déléguée à l’Égalité femme-homme
    et à la Lutte contre les discriminations


    Les lauréats du 2e concours «La lutte contre les violences faites aux femmes nous concerne toutes et tous».

    Contre les violences faites aux femmes

    Suite à l’appel lancé le 18 septembre 2023 dernier et adressé aux associations gardoises pour candidater au concours « La lutte contre les violences faites aux femmes nous concerne toutes et tous », les projets retenus par le jury ont été désignés, le 22 novembre 2023, à Nîmes. Découvrez les 3 lauréats !

    11 projets présentés

    Le concours, ouvert à l’ensemble des associations porteuses d’un projet se déroulant sur le territoire gardois, a pour objectif d’apporter un soutien et un parrainage à une action innovante ayant un intérêt pour le territoire gardois et favorisant la lutte contre les violences faites aux femmes.

    11 projets ont été présentés. Ils portaient principalement sur l’information et la sensibilisation aux violences, sur l’accompagnement des victimes et sur le soutien dans la reconstruction.

    Un jury issu de l’Observatoire des violences faites aux femmes

    Les associations lauréates ont été dévoilées par Isabelle Fardoux-Jouve, Conseillère départementale, déléguée à l’Égalité femme-homme et à la lutte contre les discriminations, en présence des autres membres du jury composé de Béatrice Bertrand, Directrice du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du Gard, de Vincent Meynier, Directeur adjoint de l’association La Clède, de Karine Vidal, Chargée de conseils et de développement à la Caisse d’allocations familiales (CAF) du Gard et de Lydie Hébréard, Chargée de mission de projet départemental au Conseil départemental du Gard.

    Les lauréats

    1er prix – « Chanter pour Elles » de l’association Les étoiles filantes

    L’artiste « Madame M » (autrice, compositrice, interprète) souhaite partager sa musique et ses textes portant sur les sujets des violences de la vie et sur la reconstruction des victimes. Avec la création de son album, l’ambition est de sensibiliser le public sur les souffrances et véhiculer des modèles d’espoir et de reconstruction à toutes les femmes victimes de violence.

    2e prix – « Les âmes aux pieds nus » de la compagnie Paroles transparentes

    La Compagnie Paroles transparentes prépare actuellement la création des âmes aux pieds nus d’après le recueil de textes poétiques de Maram al Masri, auteure franco-syrienne, écrit à l’issue d’une résidence dans un centre d’accueil pour femmes battues en région parisienne.

    Ce spectacle pluridisciplinaire, croisera différentes générations de femmes, habitantes des villes de Nîmes et d’Alès, ainsi que des comédiennes et musiciennes de la compagnie.

    3e prix – « Et si on en parlait » de l’association Riposte

    L’association Riposte propose 3 axes dans son projet : Prévenir (en favorisant les actions de prévention à destination des publics vulnérables et en situation de précarité et en développant des actions de sensibilisation à destination des publics jeunes), former et se former (en organisant des sessions de formation numérique à destination des personnels au contact des populations – personnels de mairie, des services sociaux territoriaux, des administrations, enseignants – et en développant les compétences internes de prise en charge des femmes victimes de violences) et rendre visible (en organisant une campagne territoriale de sensibilisation du grand public sur les questions des violences faites aux femmes et en ouvrant un temps d’accueil collectif dédié aux victimes).

    « Le Conseil départemental du Gard s’engage au quotidien pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous agissons également avec détermination contre les violences faites aux femmes aux côtés des associations de terrain.

    L’engagement de ces associations nous est indispensable. Chacune d’entre elles est une richesse, un domaine d’expertise, un champ d’actions sur lesquels nous agissons ensemble. Nous soutenons et nous encourageons l’innovation.

    C’est avec la volonté d’encourager les nouvelles initiatives que nous avons relancé, cette année, les deux concours (« Prix pour une égalité femmes-hommes dans le Gard » et « La lutte contre les violences faites aux femmes nous concerne toutes et tous »).

    Aujourd’hui, avec l’attribution de ces nouveaux prix, nous poursuivons notre engagement auprès des associations afin qu’elles puissent initier la mise en œuvre concrète de leurs projets ou consolider leurs réalisations. Nous félicitons ces lauréats et leur souhaitons un bel aboutissement de leurs réalisations ».

    Françoise Laurent-Perrigot
    Présidente du Conseil départemental

    Isabelle Fardoux-Jouve
    Conseillère départementale
    Déléguée à l’Égalité femme-homme
    et à la Lutte contre les discriminations


    Un prix pour valoriser les actions de lutte contre les violences faites aux femmes

    Contre les violences faites aux femmes

    Vous êtes engagés dans une association qui se mobilise en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes ? Faites connaitre votre projet et participez jusqu’au 18 novembre 2023 au prix organisé par le Conseil départemental du Gard !

    Un concours ouvert aux associations

    Le Conseil départemental lance du 18 septembre au 18 novembre 2023 la 2e édition du prix intitulé « La lutte contre les violences faites aux femmes nous concerne toutes et tous ».

    Ce concours, ouvert à l’ensemble des associations porteuses d’un projet se déroulant dans le département du Gard, a pour objectif d’apporter un soutien financier et un parrainage à une action innovante, ayant un intérêt pour le territoire gardois et favorisant dans son concept ou dans sa réalisation la lutte des violences faites aux femmes.

    Chaque année 3 structures peuvent être récompensées en fonction des projets retenus.

    Les associations lauréates seront connues en novembre 2023 à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

    Comment participer ?

    Les associations qui souhaitent participer doivent déposer leur dossier de candidature (dossier présentant le projet + récépissé de déclaration en Préfecture) :

    Conseil départemental du Gard
    Direction Générale des Services – Direction Coordination Direction Générale
    3 rue Guillemette – 30 044 NÎMES CEDEX 9

    Zoom sur les lauréats 2022 : voir l’actu dédiée

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