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Violences sexistes et sexuelles en France et dans le Gard : les données chiffrées de l’Observatoire national des violences faites aux femmes

Contre les violences faites aux femmes, L'actu de l'observatoire pour l'égalité femmes-hommes

Données nationales

Une tendance qui se confirme : les victimes sont majoritairement féminines et les auteurs quasi exclusivement masculins.

Pour les violences sexistes et sexuelles (harcèlement, exhibition, viols…) :

  • 99 % des condamnés et 95 % des mis en cause sont des hommes.
  • 91 % des victimes majeures sont des femmes.

Pour les violences au sein du couple :

  • 1 283 victimes de tentatives de féminicides directs ou indirects (suicides) ont été recensées.
  • 84 % des victimes sont des femmes, parmi les victimes enregistrées par les forces de l’ordre, soit 228 000 femmes sur 271 848 victimes déclarées.
  • 90 % des condamnations concernent des hommes.

Un biais majeur dans ces statistiques est lié à la stratégie de certains auteurs consistant à accuser la victime pour discréditer sa parole.

Sur le long terme, la MIPROF (Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains) note que 3 725 personnes ont été tuées dans le cadre de violences au sein du couple depuis 2006, dont 1 556 depuis 2016.
Parmi elles, 78 % sont des femmes ou des enfants. Une partie des hommes décédés concerne le suicide de l’auteur.

Données dans le Gard – suivi des féminicides

Les féminicides connaissent des variations, tant au niveau national que départemental. Dans le Gard, 10 féminicides ont été constatés depuis 2020.

Pour se souvenir d’elles, ne jamais oublier :

  • Estelle, 49 ans à Connaux – 09/10/2025,
  • Laetitia, 37 ans à Cornillon – 10/09/2025
  • NC, 55 ans à Pont-Saint-Esprit – 06/06/2025,
  • Hélène, 60 ans à Pujaut – 16/01/2025,
  • Sihem, 18 ans à Salles-du-Gardon – 02/02/2023,
  • NC, 28 ans à Salles-du-Gardon – 05/05/2023,
  • NC, 38 ans à Salles-du-Gardon – 05/05/2023,
  • NC, 27 ans à Saint-Dionisy – 13/05/2023,
  • Edwige, 35 ans à Montaren-et-Saint-Médiers – 11/12/2022,
  • Bouchra, 43 ans à Vauvert – 24/07/2021,
  • Marie Pascale, 55 ans à Aramon – 14/04/2019,
  • Marie Josée, 56 ans à Nîmes – 11/07/2015,
  • Ana, 30 ans à Saint-Christol-les-Alès – 31/07/2018,
  • Nicoleta, 26 ans à Rodilhan – 26/05/2018,
  • Laurie, à Nîmes – 17/01/2018,
  • Djamila, 31 ans à Alès – 10/04/2017,
  • Catherine, 40 ans au Bouquet – 04/01/20217

Chiffres-clés : les plaintes pour violences au sein du couple

Droit & législation, L'actu de l'observatoire pour l'égalité femmes-hommes

Malgré des réticences persistantes à porter plainte (seulement 1 victime sur 6 selon la MIPROF), les dépôts de plainte sont en hausse.

Les services de police et de gendarmerie recensent un nombre croissant de victimes :

  • 2022 : 244 000 victimes déclarées, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2021.
  • 2023 : 270 711 victimes recensées, soit une hausse de près de 14 %.

La MIPROF souligne par ailleurs que les victimes enregistrées de violences sexuelles au sein du couple ont quadruplé depuis 2016. Enfin, 70 % des victimes déclarent avoir subi plusieurs faits de violence.

Source : victimes de violences au sein du couple enregistrées par les services de police et de gendarmerie – MIPROF.

70% déclarent avoir subi plusieurs faits de violence

Dans le Gard, les policiers et gendarmes bénéficient de formations pour améliorer la prise de plainte dans les commissariats et gendarmerie et mettent tout en œuvre pour venir en aide aux personnes victimes de violences au sein du couple.

La présence de 5 intervenantes sociales en commissariat et gendarmerie sur l’ensemble du territoire gardois est un soutien précieux pour les victimes de violences au sein du couple.

En outre, dans les commissariats de Police, le « Tableau d’Accueil Confidentialité » a pour finalité d’améliorer la prise en charge des victimes, notamment celles de violences conjugales ou d’agressions sexuelles.

Ce dispositif vise à renforcer la protection des personnes vulnérables et la confidentialité de leur accueil.

Ainsi, les victimes peuvent signaler discrètement leur besoin spécifique, ce qui permet une prise en charge plus rapide et confidentielle, et autant que possible à l’écart du public.

Antécimes

L'actu de l'observatoire pour l'égalité femmes-hommes, Le réseau départemental des droits des femmes en action

L’observatoire des violences faites aux femmes du Gard porte des groupes de travail mobilisant les acteurs gardois.

Depuis son installation, l’observatoire s’appuie sur des actions ciblées par les acteurs de terrain. Aujourd’hui, il semble incontournable d’entendre les besoins des femmes inscrites dans ce parcours de femmes victimes de violences.

Un enjeu central : l’objectivation des parcours et leur usage

Pour abonder la démarche d’observation lié à l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes nous nous intéressons au parcours des femmes victimes de violences au sein du couple dans le Gard.

Décrire le parcours des femmes victimes de violences au sein du couple dans le Gard : Quelles démarches réalisent-elles ? Quels appuis ? et Quels besoins ?

En rendant compte de ces chemins empruntés, les acteurs gardois pourront imaginer des démarches innovantes et des actions correctives.

In fine, cette démarche de recueil et de description permettra de :

  • Qualifier les parcours des femmes : quel process à l’œuvre de la prise de conscience de la situation de violence, en passant par la recherche de solution locale, en ligne… et jusqu’à la reconstruction
  • D’amorcer le recensement des protagonistes et soutien gardois

Un groupe de professionnels restreints pour penser la démarche de recueil

Un groupe de professionnels restreint a été sollicité pour consolider la démarche et l’adosser à la réalité de terrain. Des professionnels de structures gardoises ont pris part aux échanges. Ils sont issus de la Clède, le Cidff, Via femina Fama, Vigan Inter aid pour EMESO, Riposte pour RESAVI, le SIOPI et pour les services du Conseil départemental la Protection maternelle et Infantile et les Services Sociaux Territoriaux.

Un leitmotiv : Inscrire la démarche dans la réalité des femmes victimes

Le groupe est unanime et montre son intérêt pour la proposition de recueil et de retour d’expérience des femmes victimes. De ces échanges, nous repérons que 3 temps :

  • en amont
  • en cours : qui comprend également l’ensemble des questions d’urgence
  • après vers la résilience.

Sur cette base, un schéma pourra être la base de l’entretien en vue de susciter un retour sur l’usage des dispositifs rencontrés par les femmes victimes tout au long de leurs parcours.

Comment mener le recueil d’expérience ?

En préalable : il est rappelé que les femmes sollicitées sont celles qui ont la possibilité de prendre du recul sur leur parcours soit parce qu’elles en sont sorties soit parce qu’elles sont en capacité d’extraire leur expérience et de la mettre en perspective.

Les femmes et les professionnels des structures qui nous adressent des femmes sont libres de s’associer ou pas à ce temps de rencontre.

  • Une libre et totale adhésion des femmes
  • Pas de rencontre préalable ni avec les structures, ni avec les femmes victimes: Il n’est pas nécessaire de proposer une première rencontre en amont de l’entrevue ni de support plus particulièrement la démarche.
  • Un lieu d’entrevue libre à la volonté de la femme

Une volonté de laisser la parole libre et de conduire un entretien non directif

Avec l’avantage de laisser les personnes s’exprimer sur les points qui leur semblent les plus importants, il pourra être questionné d’éventuels écarts entre les moyens mis en place et les réalités vécues.

Il sera peut-être plus complexe de comparer les différents entretiens et même de trouver des points congruents.

Perspectives :

En trois étapes la démarches se consolide auprès d’acteurs gardois d’accueil et de soutien des femmes victimes.

Avec 13 entretiens réalisés au printemps, la phase de recueil est close.

La dernière étape s’amorce donc pour la production d’une synthèse et de données à partager après une analyse approfondie.

En zones rurales, les violences conjugales semblent absentes mais sont réelles

L'actu de l'observatoire pour l'égalité femmes-hommes

Alors qu’en France, les zones rurales représentent 80 % de la superficie totale du pays et sont occupées par environ un tiers de la population française totale, elles concentrent près de la moitié des féminicides constatés chaque année.

Dès 2021, le Sénat s’empare de cette question au travers du Rapport d’information n° 60 FEMMES ET RURALITÉS : EN FINIR AVEC LES ZONES BLANCHES DE L’ÉGALITÉ  (2021-2022), tome I, déposé le 14 octobre 2021.

Le rapport d’information note que les femmes en ruralité, sont en quelque sorte « doublement » victimes : de violences physiques et psychologiques, économiques, etc. comme toutes les autres femmes exposées à cette situation, mais également victimes de difficultés supplémentaires du point de vue de leur prise en charge, du traitement des violences et de leur parcours de sortie des violences, difficultés liées au fait même de vivre en milieu rural.

La Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF) relève des obstacles à l’identification des femmes victimes de violences domestiques en milieu rural et mène une campagne pour se rendre au plus près des territoires ruraux notamment avec des permanences juridiques. Dans le Gard, plus de 20 permanences se déploient à travers le département.

Isolement géographique et moral

Le centre Hubertine-Auclert en région Ile-de-France a publié, en 2019, un rapport intitulé « Femmes et ruralité pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les territoires ruraux franciliens ». Il a noté que « dans le milieu rural, il existe un grand vide concernant la lutte contre les violences. Les femmes en milieu rural ne connaissaient pas toujours le numéro d’appel d’urgence 3919 . Ce constat est aussi fait par la Fédération nationale Solidarité Femmes qui déploie et gère le numéro national : seul ¼ des appels proviennent des zones rurales.

Dans la continuité de l’ensemble de ces réflexions, l’Observatoire des Violences Sexistes et Sexuelles de Nouvelle-Aquitaine a mis en œuvre une recherche action : « Les femmes victimes de violences en milieu rural de la Nouvelle Aquitaine ». Les travaux de recherche dirigés par Johanna Dagorn se sont appuyés sur des entretiens, des groupes de discussion et des questionnaires dont la passation a été réalisée sur l’ensemble des 13 départements de la région Nouvelle Aquitaine : Femmes violences rural der (nouvelle-aquitaine.fr)

Les résultats mettent en exergue que l’isolement de ces femmes n’est pas que géographique, il est aussi moral. Ils montrent également que les stéréotypes de sexe fortement ancrés et le contrôle social sont des facteurs aggravants pour les femmes victimes de violences en milieu rural.

Plus spécifiquement, le rapport relève :

  • une méconnaissance des droits, du numéro d’écoute national 3919, des lieux ressources spécialisés pour accompagner la sortie de la violence
  • une difficulté à déposer plainte
  • des disparités territoriales dans l’accès aux aides : il manque des services de proximité dans les secteurs de la santé, de la justice, etc.
  • un manque d’associations spécialisées : les lieux d’accueil et d’hébergement sont moins accessibles et moins nombreux
  • une formation insuffisante ou inégale des professionnels et des professionnelles
  • une prégnance des stéréotypes sexistes et d’une société patriarcale
  • des violences niées, difficilement révélées, minimisées ou banalisées
  • un isolement géographique et des difficultés de mobilité
  • une précarité financière.

In fine, ce sont autant de facteurs de vulnérabilité facilitant la mise en place d’un contrôle coercitif.

Quelques chiffres de la MIPROF

L'actu de l'observatoire pour l'égalité femmes-hommes

Principales données sur les violences au sein du couple et les violences sexuelles en France en 2022 par l’Observatoire national des violences faites aux femmes (MIPROF)

  • 1 femme sur 6 vivant en ménage ordinaire âgée de 18 à 74 ans déclare avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de son conjoint ou ex-conjoint, au moins 1 fois depuis l’âge de 15 ans, soit 3,6 millions de femmes concernées.


Les victimes de violences entre partenaires enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2022

  • 239 089 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire ont été recensées dans des procédures enregistrées par la police et la gendarmerie
  • 62% des victimes n’ont fait aucune démarche
  • 86 % sont des femmes