Hommage aux femmes de Nîmes avec le livre « Il était une fois les Nîmoises » à consulter aux Archives départementales du Gard

Si l’on aime les femmes et la ville de Nîmes, impossible de passer à côté de ce livre : Il était une fois les Nîmoises, signé Fabienne Sartori (149 pages, un livre autoédité en 2019, nouvelle édition janvier 2025). Loin d’une simple galerie de portraits, cet ouvrage est un véritable voyage dans le temps, au fil des rues et des mémoires, pour redonner une place à celles que l’histoire officielle a trop souvent oubliées.

Historienne de l’art contemporain, animatrice d’ateliers d’écriture et chercheuse engagée, Fabienne Sartori, née à Nîmes en 1965, mêle avec talent rigueur documentaire et souffle littéraire. Dans ce livre disponible aux Archives départementales du Gard (référence BIB BH 3784), elle met à l’honneur les femmes nîmoises, qu’elles soient célèbres, artistes, militantes ou anonymes, en leur redonnant corps, voix et histoire.

Les femmes dans la ville, les femmes dans l’histoire

Le point de départ est sans appel : dans Nîmes, les femmes sont peu visibles dans l’espace public. Trop rares sont les noms féminins sur les plaques de rue ou les monuments. Pourtant, les indices sont là, discrets mais tenaces, dans les allégories sculptées, les façades oubliées, les noms effacés.
Fabienne Sartori se livre alors à une véritable enquête : quelles traces restent-il des femmes nées à Nîmes ou de celles qui y ont laissé leur empreinte ? Elle nous embarque dans une déambulation entre archives, lavoirs et souvenirs, à la recherche de ces vies minuscules et majeures, dont elle tire un récit émouvant et nécessaire.

Portraits de passage : Flora Tristan, Colette, Albertine Sarrazin

Parmi les figures de passage, certaines laissent un écho fort. L’enquêtrice sociale Flora Tristan, dans son journal, décrit les inégalités criantes de son époque, s’adressant aux ouvriers et aux femmes avec cette phrase fulgurante : « Je vous ferai voir qu’il y a de la politique jusque dans votre pot-au-feu. » À Nîmes, elle tente de sensibiliser les femmes, notamment au lavoir de la place d’Assas, mais se heurte à l’indifférence.
Colette, quant à elle, promène sur les Jardins de la Fontaine son œil d’artiste inoubliable : « Un printemps si féerique qu’on tremble de le voir s’abîmer… » Sa description vibrante et charnelle transforme Nîmes en un tableau vivant.
Autre voix bouleversante : Albertine Sarrazin, écrivaine au destin chaotique, première à raconter sans fard la prison, la prostitution, la marginalité. Elle meurt à 29 ans, mais son passage dans la région résonne encore.

Des invisibles à la lumière

Mais Il était une fois les Nîmoises ne se contente pas de convoquer les grandes figures. Il donne aussi une place centrale à celles qui ont fait la ville dans l’ombre : les ouvrières du textile, les lavandières aux mains usées, les blanchisseuses aux vies brisées par le travail. L’industrie textile florissante à Nîmes, comme l’entreprise Solignac, structurait des existences entières sous une discipline rigide et genrée.
On y croise aussi les femmes dites “de mauvaise vie”, rejetées, malades, souvent promises à des fins tragiques, et dont le récit douloureux devient ici reconnaissance.

Quelques femmes dans la pierre

Quelques lieux cependant rendent hommage : la Villa Blanche Peyron, haut lieu d’accueil des femmes en détresse ; le lycée Dhuoda, du nom d’une érudite du IXe siècle privée de ses enfants ; l’école Marie Soboul, symbole de l’ascension républicaine. Mais ces noms restent l’exception.

Une constellation de Nîmoises célèbres ou oubliées

Frédérique Hébrard, Elisabeth Barbier, Régine Crespin, Bernadette Lafont, Marie Trintignant… Toutes figurent dans cette fresque chorale, aux côtés de nombreuses autres, parfois juste prénommées, souvent oubliées, mais toujours dignes d’être racontées.
Le livre se conclut comme il commence : en déambulant. Des quais de la Fontaine à l’Esplanade, Sartori nous guide dans un parcours sensible, une ville au féminin pluriel, entre lumière et silence.

Sources :

  • Agora Vox Honneur aux femmes ! Il était une fois les Nîmoises… – AgoraVox le média citoyen
  • Archives départementales du Gard
  • Cet ouvrage est issu de la bibliothèque de conservation et est consultable, sur place, en salle de lecture (après avoir rempli les modalités d’inscription).
  • Archives départementales du Gard : 365 Rue du Forez à Nîmes tel : 04 66 05 05 10

Photos illustration :

  • Colette
  • Albertine Sarrazin
  • Flora Tristan (Couverture « Il était une fois les nîmoises » de Fabienne Sartori (paru en 2019, réédité en janvier 2025)

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