La Clède se dote d’un pôle dédié à la prise en charge des auteurs de violences faites aux femmes

Retrouvez ci-dessous les réponses aux questions posées à Maylis Acoulon, Cheffe de service de la Clède.

Qui êtes-vous ? Quels sont vos actions de lutte contre les violences faites aux femmes ?

La Clède est une association qui a vu le jour en 1978, à Alès. Cela fait donc 45 ans que la Clède œuvre sur le territoire Alésien dans le champ de l’exclusion, mettant en place des dispositifs d’accueil, d’hébergement à l’encontre de différents publics (personnes sans domicile, victimes de violences, personnes en situation de migration), d’accès à l’emploi via des ateliers ou d’accès à la culture via le centre social. Aujourd’hui, la Clède représente 5 pôles d’activités et compte 150 salariés.

La question de la lutte contre les violences conjugales est une interrogation prégnante depuis plus de dix ans au sein de l’association. En 2012, l’association La Clède fusionne avec l’Association gardoise femmes accueil solidarité (AGFAS) et développe un accueil de jour pour les femmes victimes de violences ainsi qu’un centre d’hébergement à destination uniquement des femmes. Aujourd’hui, le centre d’hébergement compte 55 places et l’accueil de jour accueille environ 200 personnes par an.

Quelques chiffres, en 2022

Les actions de soutien des femmes victimes ou de promotion de l’égalité femmes-hommes sont multiples et s’inscrivent dans chaque activité de l’association avec l’ensemble des actions menées au service de la lutte contre les inégalités.

Accueil de jour pour les femmes victimes :
217 personnes accueillies (210 femmes, 7 hommes).
● 74% des personnes accueillies sont victimes de violences conjugales.

Sur l’équipe mobile qui se déploie sur Alès, son agglomération et au nord du département :
106 interventions mobiles menées dont 59 (soit 57%) pour des personnes qui n’étaient pas connues de nos services.

Sur l’hébergement pour les femmes victimes :
avec 145 places d’hébergement, 55 développées pour l’accueil des femmes dont 21 dédiées à l’accueil de femmes victimes de violences.
● 2 places PVV à partir de septembre 2023

La convention d’Istanbul[1] inscrit dans son 16e article la question de la prise en charge des auteurs, comment vous êtes vous inscrit dans cette dynamique ?

Programmes destinés aux auteurs de violences, l’Article 16 de la Convention d’Istanbul, Programmes préventifs d’intervention et de traitement, prévoit tout en veillant à la sécurité des victimes notamment de créer des programmes visant à apprendre aux auteurs de violence domestique à adopter un comportement non violent dans les relations interpersonnelles .

Autrement dit « Pourquoi avoir investi l’angle de la prise en charge des auteurs de violences conjugales ? » 

L’investissement de l’association sur la question a débuté avec la création de la première place d’hébergement d’auteur de violences conjugales dans le Gard.

Dès 2016, une convention est signée entre la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS), le Tribunal Judiciaire d’Alès, le Parquet et l’association la Clède pour dédier une place d’hébergement à l’accueil et à l’accompagnement d’un auteur de violences conjugales, dans un cadre pré-sentenciel. L’éviction du domicile d’un conjoint violent devient alors une modalité du contrôle judiciaire. L’accompagnement proposé vient soutenir la personne auteure dans la conscientisation de ses actes et vise à lutter contre une possible récidive. En moyenne, les auteurs sont accueillis environ 5 mois, et quittent le lieu d’hébergement le jour de l’audience prévue, au tribunal correctionnel d’Alès.

Quelles actions menez-vous aujourd’hui dans le Gard à destination des auteurs de violences conjugales ?

Pour joindre l’antenne gardoise CPCA portée par la Clède :
07 89 00 79 55

Depuis 2019, l’association La Clède développe « les stages à responsabilisation pour la prévention et la lutte contre les violences au sein du couple et sexistes ». Les stages se déroulent sur les ressorts des tribunaux judiciaires de Nîmes et d’Alès, soit dans le cadre d’une alternative aux poursuites, soit dans le cadre d’une peine principale ou complémentaire, d’une composition pénale, d’un sursis mis à l’épreuve ou à la demande d’une personne autrice de violences conjugales. Les parquets de Nîmes ou d’Alès, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), le CPCA ou les acteurs locaux peuvent orienter des personnes sur ces stages. Un stage se déroule sur 5 séances de 1h30, avec un entretien individuel en amont et à postériori. Le stage est payant et obligatoire.

Les sessions se déroulent sous forme de thématiques, permettant d’aborder le passage à l’acte, la parentalité, la place du père et de la mère, la place de la loi, les stratégies d’évitement etc. Ils sont menés par un binôme psychologue/travailleur social.

En 2020, l’association devient, par sa co-réponse un appel à projets, antenne Gardoise du CPCA Sud-Occitanie. À ce titre, elle signe une convention avec différents acteurs de la région : l’Association d’entraide et de reclassement social (AERS) de Montpellier porteuse du projet / l’APEX de Perpignan / VIA VOLTAIRE de Montpellier / L’Union départementale des associations familiales (UDAF) de l’Aude / La Traverse à Mende.

Ensemble, ces associations constituent une plateforme permettant de coordonner les actions et développer des initiatives à destination des auteurs de violences conjugales.

Quelques chiffres liés au Pôle auteurs

En 2022, ce sont 13 stages menées sur Nîmes et Alès :
● 143 orientations.
● 60% des personnes ont validé les stages (participation à la totalité des séances + paiement du stage).
● 247 heures de temps d’intervention (2 professionnels par stage).
● À Alès, sur 59 personnes condamnées, la récidive à l’issue des stages représente 5% soit 3 auteurs.

En 2023, au 1er juillet 2023 au total ce sont 11 stages menés auprès de 134 auteurs :
● 4 stages ont été menés sur Alès, avec 48 auteurs.
● 7 stages ont été menés sur Nîmes, cela représente 86 auteurs.

En 2022, et à la demande de personnes ayant participés aux stages à responsabilisation et souhaitant poursuivre le travail entamé, l’association La Clède a mis en place un espace collectif de parole, à destination des hommes ayant besoin d’aide pour gérer leurs émotions. Ce groupe, anonyme et gratuit, se réunit tous les vendredis soir à la maison des familles d’Alès et est animé par un psychologue.

Et demain, quelles sont les perspectives de déploiement du pôle auteurs ?

Dès 2023, dans le cadre de l’observatoire gardois des violences conjugales, la Clède est à l’initiative d’un groupe de travail autour de la question de la parentalité des auteurs de violences. Ce groupe s’est déjà réuni à 2 reprises. Il permet d’une part la rencontre d’une quarantaine de professionnels œuvrant sur l’ensemble du département, mais vient à soutenir également une réflexion commune, et la mise en place d’une pratique partagée et de propositions d’actions, à destination des auteurs de violences mais toujours dans le but de lutter contre les violences conjugales et de pouvoir protéger les enfants de ce fléau.

Aujourd’hui, l’association La Clède, soutenue par le tribunal judiciaire d’Alès, travaille activement au développement des actions menées à destination des auteurs de violences conjugales.

Ainsi, plusieurs projets sont à l’œuvre comme le développement des places d’hébergement en lien avec le parquet d’Alès, l’exploration de différentes formes d’approche en travaillant sur des « profils d’auteurs » en lien avec un chercheur canadien, le renforcement des liens partenariaux avec le SPIP et les tribunaux judiciaires.

Le groupe de travail sur la question de la parentalité des auteurs viendra aussi asseoir une réflexion commune et proposera des pistes d’actions pour faire évoluer la prise en compte de la violence conjugale sur le territoire Gardois.


[1] Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique Istanbul, 11.V.2011

Contre les violences faites aux femmes

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