Auteur/autrice : Fanny

Antécimes

L'actu de l'observatoire pour l'égalité femmes-hommes, Le réseau départemental des droits des femmes en action

L’observatoire des violences faites aux femmes du Gard porte des groupes de travail mobilisant les acteurs gardois.

Depuis son installation, l’observatoire s’appuie sur des actions ciblées par les acteurs de terrain. Aujourd’hui, il semble incontournable d’entendre les besoins des femmes inscrites dans ce parcours de femmes victimes de violences.

Un enjeu central : l’objectivation des parcours et leur usage

Pour abonder la démarche d’observation lié à l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes nous nous intéressons au parcours des femmes victimes de violences au sein du couple dans le Gard.

Décrire le parcours des femmes victimes de violences au sein du couple dans le Gard : Quelles démarches réalisent-elles ? Quels appuis ? et Quels besoins ?

En rendant compte de ces chemins empruntés, les acteurs gardois pourront imaginer des démarches innovantes et des actions correctives.

In fine, cette démarche de recueil et de description permettra de :

  • Qualifier les parcours des femmes : quel process à l’œuvre de la prise de conscience de la situation de violence, en passant par la recherche de solution locale, en ligne… et jusqu’à la reconstruction
  • D’amorcer le recensement des protagonistes et soutien gardois

Un groupe de professionnels restreints pour penser la démarche de recueil

Un groupe de professionnels restreint a été sollicité pour consolider la démarche et l’adosser à la réalité de terrain. Des professionnels de structures gardoises ont pris part aux échanges. Ils sont issus de la Clède, le Cidff, Via femina Fama, Vigan Inter aid pour EMESO, Riposte pour RESAVI, le SIOPI et pour les services du Conseil départemental la Protection maternelle et Infantile et les Services Sociaux Territoriaux.

Un leitmotiv : Inscrire la démarche dans la réalité des femmes victimes

Le groupe est unanime et montre son intérêt pour la proposition de recueil et de retour d’expérience des femmes victimes. De ces échanges, nous repérons que 3 temps :

  • en amont
  • en cours : qui comprend également l’ensemble des questions d’urgence
  • après vers la résilience.

Sur cette base, un schéma pourra être la base de l’entretien en vue de susciter un retour sur l’usage des dispositifs rencontrés par les femmes victimes tout au long de leurs parcours.

Comment mener le recueil d’expérience ?

En préalable : il est rappelé que les femmes sollicitées sont celles qui ont la possibilité de prendre du recul sur leur parcours soit parce qu’elles en sont sorties soit parce qu’elles sont en capacité d’extraire leur expérience et de la mettre en perspective.

Les femmes et les professionnels des structures qui nous adressent des femmes sont libres de s’associer ou pas à ce temps de rencontre.

  • Une libre et totale adhésion des femmes
  • Pas de rencontre préalable ni avec les structures, ni avec les femmes victimes: Il n’est pas nécessaire de proposer une première rencontre en amont de l’entrevue ni de support plus particulièrement la démarche.
  • Un lieu d’entrevue libre à la volonté de la femme

Une volonté de laisser la parole libre et de conduire un entretien non directif

Avec l’avantage de laisser les personnes s’exprimer sur les points qui leur semblent les plus importants, il pourra être questionné d’éventuels écarts entre les moyens mis en place et les réalités vécues.

Il sera peut-être plus complexe de comparer les différents entretiens et même de trouver des points congruents.

Perspectives :

En trois étapes la démarches se consolide auprès d’acteurs gardois d’accueil et de soutien des femmes victimes.

Avec 13 entretiens réalisés au printemps, la phase de recueil est close.

La dernière étape s’amorce donc pour la production d’une synthèse et de données à partager après une analyse approfondie.

Le Centre Départemental d’Accueil des Familles (CDAF)

Femmes du Gard, Le réseau départemental des droits des femmes en action

Le CDAF offre une approche globale agissant à la fois à la prévention et au traitement des violences. En effet, dans chacun de ses services, il offre un soutien large aux mères victimes, ainsi qu’à leurs enfants, tout en s’adressant également aux auteurs de ces actes. Cet accompagnement est assuré par des professionnels formés aux violences conjugales et qualifiés dans divers domaines, allant du travail social à la psychologie, en passant par la santé.

Pour cela le CDAF mobilise l’ensemble de ses services historiques tels que le Service d’Accompagnement Parents Enfants (SAPE), le Service d’Information et d’Orientation des Parents Isolés (SIOPI), le Service d’Accueil du Jeune Enfant (SAJE) et l’Espace Rencontre Famille et Médiation (ERFM). Ces services sont complétés par des innovations telles que le service des Mesures d’Accompagnement Protégé (MAP) et le dispositif du Relais Parental, qui offrent un soutien supplémentaire aux femmes et à leurs enfants.

L’approche du CDAF est holistique, offrant un abri et des services de première nécessité en situation d’urgence (au SIOPI notamment), tout en accompagnant les femmes victimes de façon plus globale. Elles sont écoutées et soutenues dans leur vie quotidienne au SIOPI et au SAPE, et plus ponctuellement sur les autres, sachant que pour toutes, l’établissement est ouvert 365j/an, 24h/24.

Les services de l’ERFM et de la MAP jouent également un rôle essentiel en accompagnant les femmes victimes pour leur permettre de respecter les droits de l’autre parent, souvent auteur, tout en étant protégées. Ces services organisent les rencontres entre leur enfant et l’autre parent ou elle-même en fonction du lieu de résidence de l’autre enfant, et propose des entretiens réguliers avec chaque parent.

Le service du SAJE et son dispositif de relais parental offrent aux femmes des moments de répit et de relais, en accueillant leurs enfants pour quelques heures ou jours.

Par ailleurs le CDAF s’engage dans la prévention des violences conjugales en travaillant avec les enfants. En mettant des mots sur les violences, leurs impacts ; en prenant soin des enfants covictimes les professionnels œuvrent pour briser le cycle de la violence en s’assurant que ces enfants, filles et garçons, ne reproduisent pas les comportements violents qu’ils ont pu observer.

Au-delà de l’aide apportée aux victimes, le CDAF peut également intervenir auprès des auteurs de violences, en les accueillant et les accompagnant dans leurs difficultés et en s’appuyant sur leur fonction parentale, dans le but de prévenir la récidive.

La complémentarité des politiques publiques

En somme, le CDAF est un exemple éloquent de la manière dont une institution dont la mission première reste la prévention et la protection de l’enfance peut contribuer de manière significative à la lutte contre les violences faites aux femmes.

A ce titre il mérite d’être connu et reconnu dans ce rôle, et de comprendre combien par son financement à 90% par le Conseil Départemental, ce dernier contribue largement à cette politique publique essentielle qu’est la lutte contre les violences faites aux femmes.

Une illustration parfaite de l’imbrication et de la complémentarité de politiques publiques différentes.

  • CDAF – 80 rue Vincent Faita – 30 000 Nîmes – cdaf@cdaf30.org
    Tél. : 04.66.02.11.70

 

Concours contre les violences faites aux femmes 2024

Contre les violences faites aux femmes

Vous êtes engagé dans une association qui se mobilise en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes ? Faites connaitre votre projet et participez jusqu’au 18 novembre 2024 au prix organisé par le Conseil départemental du Gard !

Un concours ouvert aux associations

Le Conseil départemental lance du 18 septembre au 18 novembre 2024, la 3e édition du prix intitulé « La lutte contre les violences faites aux femmes nous concerne toutes et tous ».

Ce concours, ouvert à l’ensemble des associations porteuses d’un projet se déroulant dans le département du Gard, a pour objectif d’apporter un soutien financier et un parrainage à une action innovante, ayant un intérêt pour le territoire gardois et favorisant dans son concept ou dans sa réalisation la lutte des violences faites aux femmes.

Les lauréates et lauréats seront connu(e)s en novembre 2024, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Comment participer ?

Les associations qui souhaitent participer doivent déposer leur dossier de candidature (dossier présentant le projet + récépissé de déclaration en Préfecture) :

  • soit directement sur le formulaire en ligne avant le 18 novembre 2024
  • soit par voie postale avant le 6 novembre 2024 (cachet de la poste faisant foi) à l’adresse :

Conseil départemental du Gard
Direction Générale des Services – Direction Coordination Direction Générale
3 rue Guillemette – 30 044 NÎMES CEDEX 9


Zoom sur les lauréats 2023

Pour la 2eme édition, le jury avait retenu 3 projets :

1er prix – « Chanter pour Elles » de l’association Les étoiles filantes

L’artiste « Madame M » (autrice, compositrice, interprète) souhaite partager sa musique et ses textes portant sur les sujets des violences de la vie et sur la reconstruction des victimes. Avec la création de son album, l’ambition est de sensibiliser le public sur les souffrances et véhiculer des modèles d’espoir et de reconstruction à toutes les femmes victimes de violence.

2e prix – « Les âmes aux pieds nus » de la compagnie Paroles transparentes

La Compagnie Paroles transparentes prépare actuellement la création des âmes aux pieds nus d’après le recueil de textes poétiques de Maram al Masri, auteure franco-syrienne, écrit à l’issue d’une résidence dans un centre d’accueil pour femmes battues en région parisienne.

Ce spectacle pluridisciplinaire, croisera différentes générations de femmes, habitantes des villes de Nîmes et d’Alès, ainsi que des comédiennes et musiciennes de la compagnie.

3e prix – « Et si on en parlait » de l’association Riposte

L’association Riposte propose 3 axes dans son projet : Prévenir (en favorisant les actions de prévention à destination des publics vulnérables et en situation de précarité et en développant des actions de sensibilisation à destination des publics jeunes), former et se former (en organisant des sessions de formation numérique à destination des personnels au contact des populations – personnels de mairie, des services sociaux territoriaux, des administrations, enseignants – et en développant les compétences internes de prise en charge des femmes victimes de violences) et rendre visible (en organisant une campagne territoriale de sensibilisation du grand public sur les questions des violences faites aux femmes et en ouvrant un temps d’accueil collectif dédié aux victimes).

Le contrôle coercitif dans les violences conjugales

Contre les violences faites aux femmes

Qu’est ce que c’est ?

  • Le contrôle coercitif est une forme insidieuse et continue de violence, souvent dans un contexte conjugal et principalement constitué de micro-agressions répétées au quotidien. Il peut inclure des incidents de violence et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting (décervelage ou méthode de manipulation et d’abus de pouvoir ),
  • Des menaces, de l’isolement et des restrictions arbitraires. C’est le professeur Evan Stark qui, en 2007, conceptualise le contrôle coercitif dans son ouvrage Coercive Control: How Men Entrap Women in Personal Life. Il y explique que les hommes ont recours au contrôle coercitif comme outil de subordination des femmes. Stark estime que les hommes se sont adaptés à l’avancée des droits des femmes en adoptant des « stratégies de contrôle et de domination moins ouvertement visibles, plus subtiles, mais tout aussi dévastatrices ». Stark compare le contrôle coercitif à une cage dans laquelle la victime se sent prise au piège.
  • Schéma de contrôle de l’auteur sur la victime qui va devenir assujettie à ce dernier : par exemple, un mari qui trouve que sa femme est habillée trop court ou trop sexy et qui décide de ses tenues ; une femme qui doit dire où elle est et ce qu’elle fait quand elle est en pause ou qui n’a pas accès à son compte en banque. Autant de définitions du « contrôle coercitif», une contrainte imposée par un conjoint dans la vie de tous les jours. Les enquêteurs le retrouvent dans 100 % des féminicides
  • C’est un schéma et non une infraction pénale car elle n’est pas encore inscrite dans la loi.
  • Faire entrer cette notion dans le Code pénal permettrait d’en faire un délit pour déceler et punir les hommes violents avant qu’ils ne passent aux coups.
  • La France incrimine les violences psychologiques et a été un des premiers pays à le faire mais la victime doit prouver un mécanisme d’emprise. Or, l’infraction de contrôle coercitif permettrait d’inverser la charge de la preuve. Permet une meilleure identification des violences intrafamiliales et facilite la poursuite des auteurs.

« Au lieu de se demander pourquoi la victime n’est pas partie, on se demande comment est-ce que l’agresseur s’y est pris pour qu’elle reste. La victime ne doit plus prouver l’emprise, désormais on braque le projecteur sur celui qui impose et cela change tout », souligne Andreea Gruev-Vintila, chercheuse en psychologie sociale à l’université Paris-Nanterre. A l’origine, elle travaillait sur le terrorisme, des caractéristiques qu’elle retrouve dans les violences intrafamiliales, qui doivent être considérées selon elle comme des violences sociales.

La notion de contrôle coercitif dans les violences conjugales est donc au cœur des débats. En 2023, l’ancienne ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes songeait à introduire cette notion dans le Code pénal. Un groupe de travail avait été désigné.

Cette notion est consacrée en Angleterre, au Pays de Galles, en Irlande, en Ecosse, en Australie ou encore en Belgique (depuis la loi du 13 juillet 2023). Ainsi que dans certains états des Etats-Unis.

La Jurisprudence :

Cinq arrêts rendus par la Cour d’appel de Poitiers le 31 janvier 2024 viennent consacrer la notion de contrôle coercitif comme schéma des violences conjugales.

Le 31 janvier 2024, par la grâce de la cour d’appel de Poitiers et en particulier de l’engagement de sa première présidente, Gwenola Joly-Coz, et de son procureur général, Éric Corbaux, le contrôle coercitif – concept propulsé par le sociologue Evan Stark – est devenu une notion juridique française. Inscrit au cœur de cinq arrêts rendus ce jour-là, le contrôle coercitif quittait le champ de l’enseignement, de la recherche, et des rapports parlementaires, où il était cantonné depuis 2017, pour rejoindre celui du droit positif.

Dans les cinq arrêts, la Cour d’appel prend soin d’identifier ce qu’elle appelle « les outils de contrôle coercitif », lesquels permettent de dégager une définition de la notion qui fait écho à celle proposée en doctrine. La Cour relève ainsi que « les agissements (de l’auteur) sont divers et cumulés » et que, « pris isolément, ils peuvent être relativisés. Identifiés, listés et mis en cohérence, ils forment un ensemble ».  C’est précisément là l’intérêt du contrôle coercitif que de réunir, sous une même notion, un ensemble d’actes tendus vers le même objectif de contrôle et d’assujettissement de la victime et qui, sans cette notion commune, seraient traités de manière isolée, voire seraient ignorés. Dès lors qu’est identifié un schéma de contrôle coercitif, les violences conjugales révèlent, selon la Cour d’appel, « la relation d’obéissance et soumission » de la victime à l’auteur, lequel « s’érige en maître » du domicile, de la maison et/ou du fonctionnement familial.

 Pour consacrer la notion, la Cour d’appel rapproche le contrôle coercitif à des infractions pénales (respect de la légalité pénale). En effet, les arrêts ont permis une place particulière à la notion qui est celle d’un instrument à mi-chemin entre, d’un côté, un concept de sciences sociales, facilitant l’identification des situations problématiques dans le champ des violences conjugales et sur lequel la Cour nous donne véritablement une leçon de science et, de l’autre, une notion juridique distillée tout au long de l’arrêt et qui influe sur l’application des textes en vigueur.

 Ces arrêts s’inscrivent dans une volonté judiciaire de lutter contre les violences  conjugales, récemment consacrée par l’institution des pôles spécialisés  au sein des tribunaux judiciaires  et des cours d’appel.

Sources

Lutte contre les violences faites aux femmes : une première législation européenne

Contre les violences faites aux femmes

Une législation sur les violences à l’égard des femmes et les violences domestiques vient d’être approuvée par le Conseil de l’Union européenne (UE). Si le texte n’aborde pas nommément la question du viol, il caractérise comme circonstances aggravantes ce type de violence et aborde la question de la prévention et de la protection.

Le texte de la directive a été approuvé par le Parlement européen le 24 avril 2024, le texte a été également adopté par le Conseil de l’UE le 7 mai 2024.

Ces nouvelles règles entreront en vigueur 20 jours après leur publication au Journal officiel de l’Union européenne, les États de l’UE ayant ensuite trois ans pour mettre en œuvre les dispositions du texte.

Ce texte veut à la fois mieux caractériser les actes passibles de sanction et renforcer les garanties pour les victimes. Il met en avant certaines violences exercées à l’encontre des femmes comme :

  • Les mutilations génitales féminines ;
  • les mariages forcés ;
  • l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans un but de manipulation, d’intimidation ou de contrainte : partage non consenti d’images intimes (cyber flashing), traque furtive en ligne (cyber stalking), cyberharcèlement et incitation à la violence ou à la haine en ligne (pratiques plus souvent exercées à l’encontre de femmes ou de jeunes filles).

Des règles minimales de sanctions

Le texte établit des règles minimales de sanctions d’actes de violences sexuelles ou de violences domestiques pour l’ensemble des pays membres de l’UE.

Ces règles concernent :

  • la définition des infractions pénales et des sanctions dans les domaines de l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants et de la criminalité informatique ;
  • les droits des victimes durant une période appropriée avant, pendant et après la procédure pénale ;
  • la protection et le soutien aux victimes, la prévention et l’intervention précoce.

La directive enjoint les pays membres à intervenir auprès des fournisseurs d’accès internet pour mettre un terme aux contenus susceptibles de participer à une violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe.

Pour toute une série de violences caractérisées à l’égard des femmes, les circonstances pourront être considérées comme aggravantes (violences domestiques répétées, violences sur personne vulnérable, violences à l’encontre d’un enfant ou en présence d’un enfant, violences à plusieurs).

Prévention et protection des personnes :

Au-delà des sanctions pénales, la directive aborde la question des moyens mis en place par les pays membres pour assurer la prévention et la protection des victimes. Ces moyens concernent notamment :

  • la mise en place de canaux de signalisation des actes de violence ou de violences domestiques et la possibilité de porter plainte en ligne (au besoin par l’apport de preuves sans préjudice des règles de procédure nationale) ;
  • l’aide juridictionnelle auprès des victimes ;
  • l’incitation par les autorités compétentes, à encourager la parole de personnes témoins de violences ou même celle de professionnels soumis à des obligations de confidentialité en cas de risque imminent ;
  • l’évaluation des besoins individuels de la victime en matière de soutien et de protection

« Il s’agit d’un moment sans précédent dans le cadre du renforcement des droits des femmes. Il ne pourra y avoir d’égalité réelle que lorsque les femmes pourront vivre sans craindre d’être harcelées, violemment attaquées ou physiquement blessées. Cette loi constitue une étape importante pour y parvenir. »
Marie-Colline Leroy, secrétaire d’État belge à l’égalité des genres

 

Le contrôle coercitif au cœur de la violence conjugale

Culture

Andreea Gruev-Vintila, Maîtresse de conférences HDR en psychologie sociale à l’Université Paris Nanterre, docteure en psychologie, elle mène des recherches interdisciplinaires sur les processus psychosociaux, l’impact et la pénalisation des violences et du contrôle coercitif dans les sociétés contemporaines.

Ses recherches ont conduit à l’introduction de formations sur le contrôle coercitif à l’École nationale de la Magistrature et à envisager l’incrimination du contrôle coercitif en France. Elle a coordonné le réseau ANR-XTREAMIS et a contribué au groupe de travail « Violences Intrafamiliales » du Grenelle Violences Conjugales en 2019, à une proposition de loi pour mieux assurer la sécurité des enfants co-victimes de violences conjugales en 2021 et au groupe de travail « Contrôle coercitif’ de la Force juridique de la Fondation des Femmes en 2022.

« Le contrôle coercitif englobe ainsi les cas de violences physiques, psychologiques, économiques et de violences administratives, le point commun qui structure le délit étant l’atteinte aux droits fondamentaux de la personne. C’est un angle d’approche (droits fondamentaux) qui se distingue du biais classique – et trop étroit – de l’atteinte physique. »
Yvonne Muller-Lagarde est professeure de droit pénal et membre du Centre de droit pénal et de criminologie de l’Université Paris-Nanterre.
Elle publie et intervient dans des colloques notamment sur le sujet des violences faites aux femmes.

Présentation du livre

Ce premier livre français sur le contrôle coercitif présente le concept qui pourrait révolutionner la vision de la violence conjugale et sa traduction juridique en France. Le contrôle coercitif, concept central d’une approche globale de la violence conjugale et intrafamiliale comme atteinte aux droits humains, désigne un répertoire de comportements oppressifs basés sur le privilège donné par le sexe. Il révèle la violence conjugale comme forme de la violence sociale, loin de sa représentation courante comme forme houleuse de conflit conjugal/parental. Comment les agresseurs familiaux attaquent-ils, avant et après la séparation, les droits, la liberté, la santé des victimes ? Pourquoi les effets du contrôle coercitif sont-ils durablement dévastateurs ? Comment appréhender ce précurseur majeur de la quasi-totalité des féminicides qui est aussi le contexte prévalent des violences envers les enfants ?

Ce livre a un triple objectif  :

  1. fournir les connaissances académiquement rigoureuses et socialement pertinentes pour décrypter ces comportements avant que les agresseurs n’utilisent la coercition et la violence pour contrôler les victimes  ;
  2. permettre la création d’une culture commune favorable au dialogue interdisciplinaire, interprofessionnel et sociétal pour mieux assurer la sécurité des personnes victimes et réduire l’impunité des agresseurs  ;
  3. expliquer aux professionnels  les éléments-clés de cette approche fondée par des données probantes issues de la recherche scientifique face aux difficultés de la justice pénale, civile et de la protection de l’enfance.

«Ce livre répond au besoin des magistrates et des magistrats d’adosser leur pratique à des concepts.»
Gwenola Joly-Coz, Première Présidente de la Cour d’Appel de Poitiers

Le contrôle coercitif au cœur de la violence conjugale – Présentation des éditions Dunod par Andreea Gruev-Vintila Maître de conférences HDR à l’Université Paris-Nanterre

Une nouvelle loi visant à mieux protéger et accompagner les enfants victimes et co-victimes de violences intrafamiliales

Contre les violences faites aux femmes

Dans son rapport de novembre 2023, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a préconisé la création d’une mesure judiciaire d’urgence permettant au juge aux affaires familiales de statuer sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale en cas d’inceste vraisemblable. « Sur le modèle de l’ordonnance de protection des femmes victimes de violences conjugales, cette ordonnance de sûreté de l’enfant » assurerait « que le principe fondamental de protection prioritaire de l’enfant soit respecté tout en garantissant un débat judiciaire par le critère de la vraisemblance des violences sexuelles incestueuses« .

Cette loi s’inscrit dans la continuité de plusieurs textes récents visant à lutter contre les violences intrafamiliales et à protéger les enfants. Elle marque une progression significative dans la protection des enfants exposés à ces violences. En effet, la loi reconnaît les enfants en tant que « co-victimes »: En utilisant d’emblée ce terme dans son intitulé, la loi reconnaît explicitement que les enfants peuvent être indirectement victimes des violences intrafamiliales, même lorsqu’ils ne sont pas directement visés.

Concrètement, le texte pose tout d’abord le principe d’une suspension automatique de l’autorité parentale et des droits de visite et d’hébergement du parent poursuivi ou mis en examen dans les cas suivants :

  • pour un crime commis sur la personne de l’autre parent ;
  • pour une agression sexuelle incestueuse sur son enfant ;
  • pour un crime commis sur son enfant.

Cette suspension s’applique jusqu’à la décision du juge aux affaires familiales, jusqu’à un non-lieu, ou jusqu’à la décision de la juridiction pénale.

Enfin, la loi permet aux services sociaux départementaux de demander au tribunal de leur déléguer totalement ou partiellement l’autorité parentale dans les situations suivantes :

  • désintérêt manifeste des parents,
  • incapacité de ces-derniers à exercer l’autorité parentale,
  • si l’un des parents est poursuivi, mis en examen ou condamné, même non définitivement pour un crime ayant entraîné la mort de l’autre parent, ou pour un crime ou une agression sexuelle incestueuse contre l’enfant.

LOI n° 2024-233 du 18 mars 2024 visant à mieux protéger et accompagner les enfants victimes et covictimes de violences intrafamiliales (1)

En zones rurales, les violences conjugales semblent absentes mais sont réelles

L'actu de l'observatoire pour l'égalité femmes-hommes

Alors qu’en France, les zones rurales représentent 80 % de la superficie totale du pays et sont occupées par environ un tiers de la population française totale, elles concentrent près de la moitié des féminicides constatés chaque année.

Dès 2021, le Sénat s’empare de cette question au travers du Rapport d’information n° 60 FEMMES ET RURALITÉS : EN FINIR AVEC LES ZONES BLANCHES DE L’ÉGALITÉ  (2021-2022), tome I, déposé le 14 octobre 2021.

Le rapport d’information note que les femmes en ruralité, sont en quelque sorte « doublement » victimes : de violences physiques et psychologiques, économiques, etc. comme toutes les autres femmes exposées à cette situation, mais également victimes de difficultés supplémentaires du point de vue de leur prise en charge, du traitement des violences et de leur parcours de sortie des violences, difficultés liées au fait même de vivre en milieu rural.

La Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF) relève des obstacles à l’identification des femmes victimes de violences domestiques en milieu rural et mène une campagne pour se rendre au plus près des territoires ruraux notamment avec des permanences juridiques. Dans le Gard, plus de 20 permanences se déploient à travers le département.

Isolement géographique et moral

Le centre Hubertine-Auclert en région Ile-de-France a publié, en 2019, un rapport intitulé « Femmes et ruralité pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les territoires ruraux franciliens ». Il a noté que « dans le milieu rural, il existe un grand vide concernant la lutte contre les violences. Les femmes en milieu rural ne connaissaient pas toujours le numéro d’appel d’urgence 3919 . Ce constat est aussi fait par la Fédération nationale Solidarité Femmes qui déploie et gère le numéro national : seul ¼ des appels proviennent des zones rurales.

Dans la continuité de l’ensemble de ces réflexions, l’Observatoire des Violences Sexistes et Sexuelles de Nouvelle-Aquitaine a mis en œuvre une recherche action : « Les femmes victimes de violences en milieu rural de la Nouvelle Aquitaine ». Les travaux de recherche dirigés par Johanna Dagorn se sont appuyés sur des entretiens, des groupes de discussion et des questionnaires dont la passation a été réalisée sur l’ensemble des 13 départements de la région Nouvelle Aquitaine : Femmes violences rural der (nouvelle-aquitaine.fr)

Les résultats mettent en exergue que l’isolement de ces femmes n’est pas que géographique, il est aussi moral. Ils montrent également que les stéréotypes de sexe fortement ancrés et le contrôle social sont des facteurs aggravants pour les femmes victimes de violences en milieu rural.

Plus spécifiquement, le rapport relève :

  • une méconnaissance des droits, du numéro d’écoute national 3919, des lieux ressources spécialisés pour accompagner la sortie de la violence
  • une difficulté à déposer plainte
  • des disparités territoriales dans l’accès aux aides : il manque des services de proximité dans les secteurs de la santé, de la justice, etc.
  • un manque d’associations spécialisées : les lieux d’accueil et d’hébergement sont moins accessibles et moins nombreux
  • une formation insuffisante ou inégale des professionnels et des professionnelles
  • une prégnance des stéréotypes sexistes et d’une société patriarcale
  • des violences niées, difficilement révélées, minimisées ou banalisées
  • un isolement géographique et des difficultés de mobilité
  • une précarité financière.

In fine, ce sont autant de facteurs de vulnérabilité facilitant la mise en place d’un contrôle coercitif.

Femmes de justice

Culture

Qui est Gwenola Joly-Coz ?

Première présidente de la Cour d’appel de Poitiers et spécialiste des politiques publiques liées à l’Egalité entre les femmes et les hommes, elle pourrait être décrite comme engagée sur la question des violences intrafamiliales. Elle a notamment rendu, le 31 janvier 2024, cinq arrêts symboliquement forts, consacrant la notion de contrôle coercitif. (mettre en lien vers l’article consacré au sujet). Elle est également membre fondatrice de l’association « Femmes de justice ».

Indésirables ! Comment les femmes ont réussi à entrer dans la magistrature ? Invisibles ! Pourquoi les femmes juges restent inconnues ?

Mot de l’éditeur

Retrouver les pionnières

Le travail de Gwenola Joly-Coz pour retrouver les juges pionnières et en dresser les portraits est une démarche historique inédite. Les ignorer, c’est nier la révolution engendrée par la loi de 1946, permettant à « l’un et l’autre sexe » de rendre la justice. Les rendre visibles, c’est rappeler la chronologie et découvrir les visages de celles qui ont changé la justice : Présidente de tribunal, Procureure générale, Garde des sceaux, Première présidente de la Cour de cassation…

Expliquer les concepts

Elle a voulu accompagner chaque récit individuel d’une fiche expliquant un concept utile à la conversation mondiale sur l’Egalité entre les femmes et les hommes : la mixité, la parité, l’usage féminin du langage… Gwenola Joly-Coz s’interroge même sur la façon de juger d’une femme ou sur la perception par les hommes d’une justice féminisée. Elle propose une synthèse des réflexions féministes, adaptées au monde judiciaire.

Chez Enrick b édition – 180 pages – Autrice : Gwenola Joly-Coz

À découvrir

Culture

L’exposition de la photographe Juliette Dupuis Carle “Une sur trois”, en référence au fait qu’une femme sur trois sera victime dans sa vie de violences sexuelles.

À travers son objectif, la photographe Juliette Dupuis Carle veut donner la parole aux corps et aux âmes, de femmes victimes de violences sexuelles. Grâce à l’art, elle souhaite exprimer leurs maux et leurs peurs. Montrer avec l’art et la douceur, les douleurs quotidiennes, cachées et trop souvent mises sous silence alors qu’elles sont vécues par, au moins, une personne sur six.

 

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